Importance de la prévoyance pour les professionnels libéraux
La prévoyance, parent pauvre dans la checklist des démarches de l’installation des TNS
Les professionnels libéraux, notamment dans le monde médical, sont censés être « libres », mais dans les faits, contrairement aux salariés, de nombreuses démarches et obligations les attendent.
En effet, au sortir des études, il faut trouver un débouché à sa profession, résoudre le problème de l’exercice isolé ou en commun, du rachat éventuel d’une clientèle, de la ville où exercer, de s’assurer en RCP, la Responsabilité Civile Professionnelle, de se déclarer auprès de sa caisse obligatoire de retraite à savoir la CARCDSF, caisse de prévoyance orthodontistes, et de bien comprendre ce que garantit et ce que ne garantit pas son régime « invalidité-décès ».
Il faut reconnaître que, au milieu de toutes les démarches de l’installation, les assurances, par leur complexité et leur jargon souvent non compréhensible à première lecture, engendre souvent lassitude et une quasi-hostilité chez le jeune libéral. De là à espérer être assuré correctement par sa caisse obligatoire, il n’y a qu’un pas, surtout – pense le jeune TNS – si la Sécurité Sociale intervient les 3 premiers mois d’arrêt de travail par des Indemnités Journalières depuis 2021.
Réaction pratique : on repousse le moment de souscrire une prévoyance complémentaire en toute connaissance de cause, c’est-à-dire en pleine conscience des limites, failles et trous béants de la prévoyance de son régime obligatoire. Ou l’on signe, par lassitude, un contrat avec le démarcheur le plus sympathique sans approfondir les éventuelles lacunes et failles de certains contrats. En fait, le jeune orthodontiste est en train de négliger sa propre protection en pensant que tous les contrats de prévoyance se valent, ce qui est faux tant les contrats sont différents.
Pourquoi le jeune orthodontiste ne peut compter sur son régime « invalidité-décès » ?
En effet, les limites, conditions de service et trous béants sont très nombreux à la fois chez le régime invalidité-décès de sa caisse de retraite et, à la fois, chez la Sécurité Sociale comme expliqué ci-après :
- En arrêt de travail temporaire, le régime « invalidité-décès » n’intervient pas les 3 premiers mois d’arrêt de travail par accident ou maladie. C’est la Sécurité sociale qui le fait, mais avec un délai de carence d’un an et des Indemnités Journalières limitées à la moitié du net avec un plafond d’environ 190€/jour en 2024. Au 91ᵉ jour d’arrêt, la caisse de retraite prend le relais avec 3.264, 60 €/mois, en 2024.
- En invalidité définitive, il faut être invalide totalement, à 100%,pour toucher une rente d’invalidité de 2.600 €/mois + majoration(s) pour enfant(s) à charge. À noter que cette exigence des 100% réduit à néant toute prestation possible en cas d’invalidités de 20%, 40%, 66% et même 90%, invalidités pourtant les plus fréquentes. Ici, il ne s’agit donc pas d’une garantie faible, mais d’un trou béant en ce qui concerne l’immense majorité des invalidités qui peuvent restreindre, voire stopper l’activité professionnelle de l’orthodontiste.
- En cas de décès, un capital-décès particulièrement faible de 18.845 € en 2024, avec une rente conjoint de 1.671 €/mois couplée de rente(s) orphelin(s) de 1.130 €/mois.
Rappelons qu’il ne s’agit pas ici d’une critique négative du régime invalidité-décès de la CARCDSF mais d’un exposé objectif de ce que donne ce régime et surtout de ce qu’il ne donne pas. De toute façon, que peut faire de plus ce régime avec de si faibles cotisations ? En pratique, un régime qui ne fait qu’apporter une maigre contribution à un problème aussi vital que la prévoyance du libéral ne fait souvent qu’embrouiller les choses. Vous pouvez croire notre expérience théorique et pratique de 50 ans à votre service.
Contexte spécifique des cabinets d’orthodontie : la SELARL
Les problèmes généraux des Chirurgiens-dentistes se compliquent encore quand il s’agit des revenus relativement élevés des Orthodontistes. En effet, les revenus brut des Orthodontistes dépassent souvent les 400.000 €/an et la crainte de payer beaucoup d’impôts et de cotisations obligatoires fait que certains orthodontistes basculent dans une SELARL sur les conseils de leur comptable. Ainsi, le revenu net n’est plus imposé selon son montant réel mais en tant que « salaire » nettement plus faible que le gain réel et, éventuellement, de dividendes. Mais que devient cette différence entre le revenu net réel et le « salaire » déclaré ?
Certes, si le « salaire » est beaucoup moins élevé que les revenus nets réels, les impôts diminuent d’autant mais tout n’est pas réglé pour cela. En effet, cette différence entre le revenu net réel et le « salaire » déclaré reste au sein de la SELARL et va grossir d’année en année. Une question se pose alors quand l’orthodontiste aura besoin de cette réserve, ne paiera-t-il pas un maximum d’impôts ? Ou bien son conseiller trouvera-t-il une combinaison bien complexe pour ne pas voir cette réserve fondre au soleil des impôts ?
L’autre danger est que le comptable passe, dans les charges de la SELARL, des cotisations qui concernent la personne de l’orthodontiste, non la SELARL, comme celles de la prévoyance et des cotisations obligatoires, ce qui paraît une erreur juridique évidente qu’il y ait sanctions fréquentes par le Ministère des Finances ou pas. De plus, du côté financier de l’orthodontiste, puisque la SELARL est moins imposée que la personne physique de l’orthodontiste, les charges qui concernent sa personne ont tout intérêt à être déduites au niveau privé, là où les impôts sont les plus importants. Attention donc aux idées toutes faites à propos de tout ce qui peut faire diminuer les impôts du libéral.
Enfin, comment va s’assurer l’orthodontiste : d’après son salaire ou selon ses revenus brut ? Car certaines sociétés d’assurances deviennent méfiantes au sujet des revenus de l’assuré, ne voulant n’assurer que les revenus nets. Par contre, vu du côté de l’orthodontiste, quand une maladie ou un accident le force à s’arrêter, est-ce les revenus nets qui s’arrêtent ou ses revenus bruts (recettes clients) ? Réponse : les revenus bruts. Il va donc falloir s’assurer pour des sommes importantes en « frais professionnels » car les charges et cotisations obligatoires d’un cabinet dentaire sont importantes, notamment pour assurer la permanence des salaires et charges patronales du personnel salarié. Conséquence, les frais professionnels, comme les Indemnités Journalières, devraient donc être versées logiquement à la SELARL puisque c’est elle qui prend en charge les cotisations. Or, en soi, les Indemnités Journalières sont versées légalement à la personne physique assurée. Le comptable sait-il tout cela quand il pousse l’orthodontiste à basculer en SELARL ?
Conclusion sur la SELARL : panacée pour le corps médical ou dérapage fiscal ? Comment ne pas regarder de près la déclaration fiscale de la SELARL qui range les recettes dans la rubrique : « Négoce » et « Ventes de marchandises » ? On peut donc se demander comment l’art médical est ramené à une vente de marchandises. On peut tourner le problème dans tous les sens, trouver des échappatoires juridiques éventuels, notre conviction restera la même : la SELARL ne paraît pas adaptée aux professions médicales libérales.
Quels montants d’Indemnités Journalières souscrire ?
Tout dépend de différents facteurs comme votre chiffre d’affaires brut et net, de vos charges incompressibles comme salaires et charges patronales, vos cotisations obligatoires et votre train de vie familial.
- Votre chiffre d’affaires brut, que vous exerciez en tant que contribuable libéral ou en SELARL. Ne parler provisoirement que des recettes brutes peut paraître non professionnel mais c’est pourtant une notion que beaucoup de praticiens oublient : qu’est-ce qui s’arrête brusquement en cas d’arrêt accident ou maladie sinon les recettes brutes ? Or, nous avons vu plus d’une fois un jeune praticien ne vouloir assurer que son « salaire », ce qui est une grossière erreur.
- Vos recettes nettes, facteur à prendre en compte avec circonspection dans l’évaluation de vos besoins puisque son montant dépend de votre mode d’exercice.
- Un remplaçant est-il possible ? Si oui, sans négliger l’aspect aléatoire réel de cette solution, quel serait son coût ?
- Si vous exercez en SELARL, attiré par le fait de payer momentanément moins d’impôts, l’erreur classique réside dans le fait de n’assurer que le « salaire », faisant fi des éventuels dividendes et des charges énumérées plus haut. Notons que cette attitude provient souvent de la volonté de ne payer, en prévoyance, que la cotisation la plus faible possible et la conviction que la prévoyance qu’on lui propose ne servira jamais puisqu’il est en bonne santé. Hélas ! il y a une grande différence entre les idées dont on se persuade et les faits, référence tous les ennuis médicaux que nous avons réglés au Corps médical au cours de nos 50 ans à votre service. Sans omettre les cas fréquents où le professionnel de santé retarde la souscription d’une prévoyance efficace et est frappé par un ennui médical sévère. Autre danger, souscrire trop rapidement une prévoyance parsemée de lacunes et d’exclusions dont il fait les frais quelques années après.
Exemples de montants d’Indemnités Journalières à souscrire
Prenons 2 exemples de CA brut :
Le chiffre d’affaires annuel doit être divisé par 11 pour obtenir le CA mensuel (si l’on considère 1 mois de vacances).
1er exemple CA : 400.000 €/an brut ou 180.000 €/an net, soit 36.000 €/mois brut et 16.500 €/mois net.
- Indemnités Journalières : elles doivent faire face au net (16.500 €/mois) ;
- Conseillé entre 400 €/jour et 466 €/jour, soit entre 12.000 €/mois et 14.000 €/mois.
Frais professionnels : cette prestation doit faire face aux charges de 20.000 €/mois ;
- Il est nécessaire de souscrire 500 €/jour, soit 15.000 €/mois.
- Si vous êtes en SELARL, il faut assurer à 100% le « salaire » en Indemnités Journalières et garantir une grande partie des charges si le groupe n’est pas important.
2nd exemple CA : 550.000 €/an brut ou 240.000 €/an net, soit 50.000 €/mois brut et 22.000 €/mois net.
- Indemnités Journalières : elles doivent faire face au net (22.000 €/mois) ;
- Conseillé 533 €/jour, soit 16.000 €/mois.
Frais professionnels : cette prestation doit faire face aux charges de 28.000 €/mois ;
- Il paraît nécessaire de souscrire au moins 600 €/jour, soit au-moins 18.000 €/mois.
- Si vous êtes en SELARL, il faut assurer à 100% le « salaire » en Indemnités Journalières et garantir une grande partie des charges si le groupe n’est pas important.
À combien s’élève la cotisation pour de telles garanties ? Pas forcément onéreuse et c’est là l’avantage de la recherche permanente du meilleur rapport qualité-prix pratiquée par notre association BEAM. Bien sûr, il faut rajouter le coût d’une Rente d’invalidité, rente adaptée à votre activité et parée de nos 7 critères de qualité et un capital-décès d’au-moins 250.000 €. Cependant, il est impossible de vous formuler une cotisation précise puisqu’elle dépend de l’âge de l’assuré, de son CA, de son lieu d’exercice, des montants choisis de garanties, etc…
Par contre, vous pouvez nous appeler au 01.34.16.26.60 pour nous demander une étude circonstanciée et la cotisation correspondante. Vous serez reçu par le rédacteur des études et comparaisons : Jean Verschuur, ou le Président de l’association BEAM : J.M. Verschuur.
Délai : un jour, si vous téléphonez avant 9 h 00, vous pouvez être servi dans l’heure
Pourquoi les orthodontistes ont-ils besoin d’une bonne prévoyance ?
Risques et imprévus liés à la profession
Bien qu’à première vue, les risques accidentels liés à la profession d’orthodontie ne sont pas importants, les risques par maladie existent bien, notamment par contagion provoquée par la salive d’une bouche ouverte. Ne pas négliger non plus les risques classiques liés aux déplacements et à certains sports à risques certains pratiqués pendant les vacances. À noter que, dans le cas de l’accident, l’arrêt de travail survient brutalement, ce qui risque de déstabiliser le fonctionnement du cabinet dentaire. Et c’est là qu’on s’aperçoit si sa prévoyance est efficace et a été bien calculée.
Coûts d’investissement à l’installation et maintenance du matériel
Pour un libéral et en particulier un orthodontiste, il y a 3 façons de s’installer :
- Soit en « créant » sa propre patientèle,
- Soit en s’intégrant dans un cabinet dentaire préexistant,
- Soit en prenant la suite d’un orthodontiste qui part en retraite.
Dans les trois cas, une mise de départ est nécessaire. Dans le premiers cas, outre le fait de devoir ramer de longs mois parfois des années avant de se constituer une patientèle, le cout du matériel à l’installation est plus important que pour l’installation d’un médecin généraliste.
Reste donc les deux autres solutions : intégrer un cabinet préexistant ou prendre la suite d’un orthodontiste qui part en retraite. Or, ces deux dernières solutions sous-entendent un rachat de « patientèle », et pour le jeune orthodontiste, ce rachat de patientèle représente une somme importante et il doit contracter un emprunt dont les remboursements mensuels sont également importants.
Ainsi, un arrêt de travail par accident ou maladie peut perturber gravement l’activité professionnelle de l’orthodontiste s’il n’est pas correctement assuré en prévoyance non seulement par des Indemnités Journalières à la hauteur mais aussi sans limites ou exclusions surprises. Il faut donc ne pas hésiter à souscrire l’assurance de son emprunt avec une prise en charge des remboursements d’emprunt à partir du 31ᵉ jour d’arrêt et non à partir du 4ᵉ mois d’arrêt de travail sous prétexte d’économie. Enfin, cette assurance doit couvrir l’orthodontiste non seulement en décès mais aussi en invalidité professionnelle à 66% et non en invalidité à 100% suivant les critères fonctionnels (ceux de la Sécurité sociale). Vérifier également, dans l’assurance « Multirisques » du cabinet dentaire si les « Pertes d’Exploitation » sont bien couvertes pour la somme totale des chiffres d’affaires brut des orthodontistes exerçant dans le groupe.
Le matériel médical particulier aux orthodontistes doit être assuré correctement en dommages électriques, garantie différente que celle en incendie et surtout en « valeur à neuf » au moins pour 5 ans ; sinon, la clause « vétusté déduite » risque de s’appliquer et vous faire regretter cette omission.
Impact sur la continuité de l’activité et la protection financière
L’activité professionnelle de l’orthodontiste peut être mise en péril de 2 façons différentes :
- Soit par des arrêts de travail fréquents déclenchant, si l’orthodontiste exerce seul, une baisse de fréquentation de la clientèle ou, si le praticien exerce en groupe, des causes de mécontentement de la part des autres confrères ou consœurs,
- Soit par des invalidités professionnelles de 33%, 50% ou même davantage, invalidités qui feront baisser votre activité et donc vos revenus brut et nets. Rappelons que, dans ce domaine, l’orthodontiste ne pouvant pas compter sur l’aide financière du régime invalidité-décès de la CARCDSF qui n’intervient que si vous êtes invalide à 100%, l’orthodontiste a intérêt à être bien assuré, surtout dans le secteur des invalidités professionnelles de 20% à 95%. Bien sûr, « être bien assuré » demande un effort réel de la part de l’orthodontiste, quand il est en bonne santé, mais effort qui paye en cas d’ennui médical toujours possible.
Meilleur prévoyance orthodontiste – Faites appel à des experts
En tant qu’orthodontiste libéral, votre quotidien est déjà bien chargé. Trouver la meilleure prévoyance orthodontiste n’est pas simple alors faites appel à des exeprts en prévoyance en nous contactant au 01.34.16.26.60.
Les différentes clauses de votre contrat de prévoyance orthodontiste
Rappel des critères de garanties et d’éligibilité de la CARCDSF
Il n’est pas besoin d’être un expert en prévoyance pour reconnaître que les garanties de la CARCDSF n’interviennent, en arrêt temporaire et en invalidité, qu’en cas extrêmes et d’une manière particulièrement faible par rapport aux revenus brut de orthodontiste. Pour rappel :
- En arrêt de travail temporaire: franchise de 3 mois, et au 91ᵉ jour une indemnité de 3.264 €/mois (en 2024),
- En invalidité définitive: rien, néant et trou béant pour toutes les invalidités professionnelles de 20% à 95% ! Si vous êtes invalide à 100% (très rare) : 2.600 €/mois + 761 €/mois/ enfant à charge,
- En décès: capital de 18.845 € + rente conjoint de 1.671 €/mois + rente enfant 1.130 €/mois.
Ainsi, quelques garanties éparses ne peuvent pas constituer une couverture complète, ni en arrêt temporaire, même si la CPAM intervient les 3 premiers mois avec une prestation limitée, ni surtout en Invalidité dans l’immense majorité des cas qui peuvent freiner ou stopper l’exercice professionnel. Une vraie et complète prévoyance, adaptée au Corps médical, est donc nécessaire. Mais quels sont ses points forts ?
Assurances accident, maladie et invalidité
Rappelons que les Indemnités Journalières, servies en arrêts de travail temporaires, se confondent souvent avec la Rente d’invalidité, servie (ou non !) dès qu’un handicap devient définitif. À noter que certains arrêts temporaires s’éternisent quelquefois et se transforment en invalidités définitives. Cependant, ces deux cas ne doivent pas être confondus. En effet :
L’arrêt de travail temporaire
Il s’agit d’un arrêt total de travail suite à un accident (escalier, ski, glissade, accident de voiture ou de moto, etc…) ou à une maladie qu’elle soit guérissable en un mois ou qu’elles se prolonge de mois en mois. À noter qu’on ne sait jamais, au début d’un arrêt de travail, si celui-ci sera court ou long. Il est donc indispensable que les Indemnités Journalières puissent durer 2 ans et demi ou 3 ans.
- L’exercice partiel: il arrive quelquefois que le praticien puisse reprendre à mi-temps l’exercice professionnel après quelques mois d’arrêt total. C’est ce qu’on appelle « l’exercice partiel ». Cette garantie est de plus en plus pratiquée par les sociétés de prévoyance pour une durée de 3 ou 6 mois, ce qui peut s’avérer être trop court par rapport à 1 an. Par ailleurs, certaines sociétés d’assurance exigent un arrêt total précédent ce qui exclut les arrêts qui débutent par l’exercice partiel, ce qui arrive cependant. En général, l’exercice partiel vous est réglé avec des Indemnités Journalières à 50% à condition d’avoir une chute de revenus d’au-moins un tiers, si ce n’est 50%.
- Pourquoi la « coupure » du 90ᵉ jour ? La durée des Indemnités Journalières volontaires ont été obligées de s’adapter à la prestation de la CARCDSF qui commence à partir du 91ᵉ jour d’arrêt. Ainsi, avant 2021, les assurances volontaires devaient assurer une prise en charge totale les 3 premiers mois d’arrêt et un simple complément à partir du 91ᵉ jour, ce qui explique cette coupure. Les choses ont changé en 2021 car la CPAM intervient maintenant, du 4ᵉ au 90ᵉ jour, avec la moitié du net mais avec une limite à 5.716 €/mois. Cependant, par rapport aux 35.000 € ou 40.000 €/mois de revenus brut de l’orthodontiste, ce n’est pas la peine d’être agrégé en mathématiques pour réaliser que cette prestation joue davantage les troubles fête qu’une aide réelle pour l’orthodontiste. Ainsi, l’argument « C’est peu mais c’est mieux que rien » ne tient pas. En effet, cette prestation participe à la confusion qui existe déjà dans certains esprits et qui peut devenir telle que nous avons vu des médicaux vouloir résilier leurs Indemnités Journalières concernant les 3 premiers mois en se croyant assurés suffisamment par la CPAM.
- Au 91ᵉ jour d’arrêt, la CARCDSF prend le relais mais avec une prestation encore plus faible que celle de la CPAM : 3.264 €/mois en 2024, soit moins du dixième de ses revenus brut en bonne santé ! Il est flagrant que l’orthodontiste a besoin d’Indemnités Journalières à la hauteur de ses besoins, c’est-à-dire bien calculées, qu’il soit en SELARL ou non.
Rappel :
Le revenu net ou le « salaire » + les dividendes peuvent être assurés par des Indemnités Journalières classiques tandis que les charges professionnelles sont assurées par les « frais professionnels » dont les caractéristiques sont souvent différentes de celles des Indemnités Journalières.
En conclusion à propos des montants d’Indemnités Journalières : la prévoyance, aussi bien en ce qui concerne les arrêts temporaires que la Rente d’invalidité, est un domaine très particulier, très vaste et particulièrement propice à de mauvaises surprises. Il est donc recommandé au jeune orthodontiste de se méfier des conseils souvent déplacés formulés par un confrère ou toute profession qui gravite autour du Corps médical et dont les compétences en prévoyance laissent à désirer
Les différentes invalidités qui peuvent frapper les orthodontistes
Personne n’est à l’abri d’une invalidité de 33%, 50% ou 75%, qui peut diminuer ou stopper l’activité professionnelle d’un orthodontiste à n’importe quel âge. Rappelons que la CARCDSF n’intervient que si vous êtes invalide qu’à 100%, ce qui est évidemment très rare. L’orthodontiste ne doit donc compter que sur l’efficacité de la réponse de sa prévoyance personnelle et surtout, l’absence d’exclusions surprenantes. Or, beaucoup de médicaux libéraux ne font souvent attention qu’au montant rassurant de la rente d’invalidité, comme 72.000 €/an ou même 120.000 €/an. Ils se sentent ainsi bien assurés alors que différentes clauses, dans les conditions générales, peuvent faire fondre ces montants comme neige au soleil. Soyons donc vigilants et précis.
En effet, il existe une grande diversité de Rentes d’invalidité avec, çà et là, des limites, exclusions et conditions de service dont beaucoup ne se rendent pas compte du danger lors de l’adhésion. Et l’adhésion à une Rente d’invalidité sans lacunes devient le fruit du hasard plutôt que la connaissance rigoureuse des critères d’efficacité que doit avoir cette garantie :
- Respect des seuls critères professionnels de l’orthodontiste pour l’évaluation de son taux d’invalidité, sans aucun mélange avec les critères fonctionnels de la Sécurité Sociale.
- Rente totale dès 66% d’invalidité et non pas rente proportionnelle, clause qui aboutit à ce que l’assuré ne reçoit que les 2/3 de la rente espérée.
- Possibilité d’exercer encorevotre profession puisqu’il vous reste 33% de capacité professionnelle. Ainsi, attention aux rentes diminuées si vous essayez d’exercer encore.
- Demi-rente à 33% d’invalidité et non pas 33% de la rente, ce qui fait une différence notoire. Ainsi, pour une rente d’invalidité de 72.000 €/an, soit 6.000 €/mois, si, pour 33% d’invalidité, votre contrat stipule : « rente proportionnelle au taux d’invalidité », vous ne toucherez que 2.000 €/mois au lieu de 3.000 €/mois si votre contrat applique la formule « n/66 ». Détail ? Certainement pas, car cette différence se monte à 12.000 €/an et 120.000 € en 10 ans !
- Rente partielle à partir de 16% d’invalidité: si vous le pouvez, choisissez cette option si elle n’est pas trop onéreuse, toujours avec la formule « n/66 ».
- Exonération totale des cotisations, des 3 garanties, à partir de 66% d’invalidité allant de pair avec le service de la rente totale. En cas de rente partielle, exonération partielle.
Tous ces critères d’efficacité peuvent paraître fastidieux à l’orthodontiste en bonne santé. Cependant, handicapé par un accident ou une maladie grave, le praticien devient à l’affût du moindre de ces avantages.
La déduction Madelin : avantage ou piège ?
Depuis 1994, le Corps médical peut déduire de son revenu imposable la plus grande partie de ses cotisations de prévoyance à savoir celles des Indemnités Journalières et celle de sa Rente d’invalidité mais pas la cotisation du capital décès. Mais vous devez bien comprendre cette déduction et son fonctionnement, qui n’est pas systématiquement à votre avantage.
En effet, il y a un inconvénient certain qui n’apparaît que lorsque l’assuré est en arrêt de travail : vos prestations deviennent déclarables et imposables, aussi bien les Indemnités Journalières que la Rente d’Invalidité, ce qui est nettement plus grave vu le nombre d’années où vous allez toucher une prestation rétrécie par les impôts. De plus, le comptable doit réintégrer les cotisations déduites dans votre revenu imposable pour la détermination de l’assiette servant au calcul de vos cotisations obligatoires. Vous a-t-on prévenu de tout cela ?
Comment résoudre ce dilemme ?
Une solution simple consiste à ne surtout pas déduire en Madelin lorsque vos prestations Indemnités Journalières et Rente sont faibles par rapport à votre CA brut. Par contre, vous pouvez peut-être déduire quand vos garanties sont fortes. Le mieux reste de ne pas accumuler les causes de déception en cas d’ennui médical.
Assurance décès
Notre conseil est simple : un capital décès d’au-moins 300.000 € pour pallier la faiblesse du capital alloué par la CARCDSF (18.845 €, en 2024). Si le conjoint est au foyer, il serait prudent d’augmenter tant soit peu le montant de ce capital. Le but est de faire face à d’éventuels droits de succession et d’aider financièrement le conjoint survivant et les enfants, notamment dans leurs études. Il est vrai que la CARCDSF alloue une rente conjoint et une rente éducation par enfant à charge mais les montants de ces prestations sont sans commune mesure avec les revenus du conjoint décédé.
Nous ne sommes pas favorables aux rentes éducation souscrites volontairement pour la raison que, par rapport à la cotisation correspondante, la prestation paraît particulièrement faible quand elle n’est pas minorée suivant certaines tranches d’âge. En comparaison, le capital décès, qui ne fait pas partie de la succession, assure une aide financière immédiate au conjoint et une grande souplesse d’utilisation quand il est placé harmonieusement.
Le doublement du capital en cas d’accident et le triplement en cas d’accident de la route : selon notre expérience, c’est un gadget inutile. En effet, si, par exemple, votre conjoint et vos enfants ont besoin de 300.000 € en cas de décès, pourquoi cotiser davantage pour doubler le capital en cas de décès accidentel ou le tripler en cas d’accident de la route ? Vous pouvez toujours penser qu’il est agréable de toucher 600.000 € plutôt que 300.000 €, c’est vrai mais l’assurance n’est pas une loterie et elle est faite pour répondre à un besoin. Si vraiment votre famille a besoin de 600.000 € pour survivre, il faut alors s’assurer pour 600.000 € en décès toutes causes. Si 300.000 € sont suffisants, n’en rajoutons pas ! Notre expérience nous dit de plutôt faire terriblement attention au danger réel de certains sports et à certains moyens de locomotion.
Prévoyance pour les arrêts de travail prolongés
En cas d’arrêts de travail « temporaires », ce sont les Indemnités Journalières qui entrent en jeu pendant une période de 2 ans et demi ou 3 ans selon les contrats. Si l’accident ou la maladie est grave, il se peut que l’arrêt dit « temporaire » déborde ces 2 ans et demi ou 3 ans sans qu’une invalidité définitive soit établie. En conséquence, si le contrat est bien fait, une clause est prévue pour une prolongation des Indemnités Journalières ou le service provisoire de la Rente d’invalidité le temps qu’un taux d’invalidité définitive soit établi par une ou plusieurs expertises. Ce cas nous est arrivé plusieurs fois et c’est là que l’assuré apprécie d’être correctement assuré.
Conclusion
C’est en bonne santé que l’orthodontiste doit se consacrer à la souscription d’une prévoyance à la hauteur de ses futurs besoins financiers, à la fois en montants de garanties et surtout en évitant limites et exclusions qui se traduiront par une absence d’aide financière au moment où l’assuré en aura le plus besoin. Pour ce faire, au moment de choisir, si le jeune orthodontiste veut comparer lui-même les contrats et des cotisations, il faut comparer d’abord et avant tout les cotisations des garanties qui lui sont indispensables, celles des Indemnités Journalières et celles de la Rente d’Invalidité dont les qualités sont exposées plus haut. Tous les critères de qualité que l’on néglige en bonne santé peuvent se retourner contre nous lors d’un ennui de santé. Ainsi, l’Expert en prévoyance, qui connaît à fond le marché, sera toujours nécessaire pour décoder les contrats.
- Président de l’association BEAM Prévoyance
- 45 ans d’expertise en prévoyance du secteur médical
- Multiples articles techniques sur la prévoyance
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